Tout a commencé un soir quelconque dans un hôtel sans étoiles. Sur le bord d’une départementale déserte entre Maubeuge et Feignies, dans le nord de la France. Je me suis retrouver seul dans cet hôtel « Première Classe » pendant deux nuits consécutives. Je n’ai pas cherché l’aventure même si, lorsque vous vous retrouvez au milieu de nulle part, votre inconscient vous ouvre de nouvelles portes, vos fantasmes se déploient majestueusement. Comme si le fait de se retrouver dans le trou du cul du monde vous garde caché de la réalité et vous permet de rêver. Vous êtes soudain plongé dans un film de série B dont vous êtes l’acteur principal et le réalisateur.
Ne vous attendez pas à un film porno, à un standard du genre : une belle femme étrangère fait son check-in en même temps que vous, vous repérez son numéro de chambre. Un peu plus tard vous glissez une enveloppe sous sa porte en prenant soin de frapper trois coups discrets mais concrets. Vous attendez, on ne sait jamais, l’histoire peut démarrer tout de suite dans le film, dans la réalité l’histoire ne démarre jamais. Soit il n’y a pas de belle étrangère, tout au mieux une réceptionniste sans charme donc sans chambre. Soit vous n’osez même pas frapper et donc la lettre reste sur le sol jusqu’au petit déjeuné.
Non non non, la vie m’a fait, ce soir-là, un cadeau encore plus précieux qu’une aventure fantasmapornographique, elle m’a fait rencontré ma femme intérieur, la belle étrangère blottie en moi depuis si longtemps, cette féminité latente, cette bombe de sensualité. Ce soir-là, par je ne sais quel miracle, un top en velours rose, doux et sensuel, est sorti de mes bagages. Lorsque je l’ai enfilé, j’étais complètement nu. J’ai immédiatement senti l’effet intérieur de la matière portée souvent et probablement uniquement par une femme. Mon sexe s’est gonflé à la seconde.
Je me suis senti Homme et Femme réuni, dans ce petit espace sans charme mais soudain devenu sacré. L’expression « juste au corps » correspond bien au sentiment qui s’est déployé se soir-là. Je me suis fait l’amour comme jamais, je me suis aimé, touché, caressé sans relâche. J’étais moi, enfin, Homme et Femme réuni. Depuis il m’arrive de fantasmer avec cette femme, qui n’est autre que le reflet de toutes les femmes que j’ai vraiment rencontré sans jamais être allé au bout de ma nuit originaire, celle où j’ose frapper à la porte de l’inconnue et être ce double qui se laisse embrassé par la vie, qui crée, qui tranche dans la réalité et ose l’intimité.
Jeanne
Aujourd’hui je l’attends, je me doute pourtant qu’il ne viendra pas. Voilà trois semaines qu’il est parti, laissant derrière lui quelques habits et sa petite boîte en bois, si belle et précieuse, où il cache son herbe.
Je me dis que, s’il revient, ce sera probablement pour retrouver cette petite boîte.
Cette pensée me fait pleurer. Je suis tellement dépendante des hommes que je rencontre, je lutte tout en sachant que le combat est perdu d’avance.
Celui-là est pourtant plus important que les autres. Il m’effleure depuis tant d’années. Je peux tout lui raconter, de mes ruptures, de mes tristesses, de mes amants, il garde un œil amusé. Avec lui, mon désir est brûlant. La dernière fois qu’il est passé à la maison, c’était pour passer une semaine. Il venait de déménager à l’étranger avec sa femme et ses enfants.
Il était là, a portée de mains.
Une volée d’escalier et j’aurais pu discrètement entrer dans ses draps, me frotter contre ses jambes, comme font les chats et avec ma petite langue de feu je serai parti m’abreuver à la source, boire goulument, doucement, de son petit lait.
Il m’aurait sûrement laissé faire, les hommes sont comme cela. Et j’aurais fait de mon mieux pour que son corps se souvienne de moi.
Je n’ai pas osée.
Je suis pourtant montée, un soir, avec la ferme intention d’en finir avec mes satanés phantasmes. Je me suis arrêtée sur le pas de sa porte.
Si seulement je pouvais être ce petit chat noir qui se faufile dans sa chambre, dans ses draps, qui se glisse entre ses mains. Je me suis concentrée, j’ai fait le vide, j’ai poussé la porte. Il n’était pas là mais le chat, lui, trônait sur le lit. Alors j’ai senti un éclair, comme un flash, mon sang s’est mit à bouillir, je me sentais dégoulinante, de sueur et de cyprine, j’ai ôtée mon slip, j’ai chassée le chat et je me suis glissée dans ses draps.
Il y régnait son odeur.
J’ai plongée mon nez dedans, j’ai reniflée profondément. J’ai fait glissée son coussin entre mes cuisses. J’ai serré le coussin comme si c’était sa tête entre mes cuisses. J’ai frottée le coussin fermement. Je lui en voulais de ne pas être là. J’espérais bien qu’il allait rentrer et me surprendre dans cette position. J’aurai aimé le tuer, l’étouffer entre mes cuisses et jouir sur sa dépouille. La honte m’a reprise, j’ai eu tout à coup très peur. Peur que quelqu’un ait entendu ma pensée, peur que mon fils ne me surprenne. Je me suis levée, ai retirée la taie d’oreiller, l’ai remplacée, suis allée voir mon fils qui dormait profondément. Il est beau, très beau.
Je suis retournée dans la chambre de l’invité, j’étais encore excitée, la honte provoquée par mes pensées s’était noyée dans la beauté de mon fils, dans son sommeil profond.
Il dort, donc il est rassuré, donc je suis une bonne mère.
J’ai remis la taie humide, la taie coupable sur l’oreiller. J’ai entrebâillée la porte.
J’ai replacée l’oreiller entre mes cuisses et j’ai présentée mes fesses au ciel. J’ai prié Dieu de me pardonner. J’avais envie qu’il rentre, oui qu’il rentre en moi, non pas Dieu, ou oui, enfin, pourquoi pas ? Ce serait si simple. Mais non, pas Dieu, ni l’archange Gabriel, ni Métatron mais mon invité, mon meilleur ami, mon confident, mon phantasme… J’aurais voulue qu’il voit mon croupion, sans mentir, la seule partie de mon corps encore resplendissante ; oui, qu’il voit mon croupion en l’air et qu’il comprenne.
Evidemment les hommes comprennent ces choses là !
Il serait venu silencieusement, puis, passé la surprise de découvrir une petite montagne posée au milieu de son lit ; il aurait découvert une grotte, il se serait rapproché pour la regarder de près. Quel trésor recèle-t-elle ? Est-ce une source d’eau pure, un volcan, un nid de serpent ? Il aurait rapproché son nez pour mieux répondre à ses doutes légitimes. Il aurait senti l’extraordinaire chaleur émanant de ce trou troublant, et cette odeur enivrante. Il aurait hésité puis finalement, au lieu d’y plonger son nez, il aurait sorti la chose et, doucement, lentement il l’aurait fait entrer. Moi je n’aurai pas bouger d’un pouce, splendide nature morte offerte au tout venant, montagne sacrée pour retraite paisible. Tout au plus aurais-je mordue mon avant-bras, pour mêler douleur et plaisir.
Bon, rien de tout cela n’est arrivé, il n’est jamais rentré. Le matin j’ai déjeuné avec mon fils. On avait dressé la table pour trois. La place est restée vide. Il y a des hommes que l’on attend toujours. Celui-là en est un.
Je sais maintenant qu’il ne viendra pas.
Je ne sais pas si je dois lui dire pour sa boîte.
Il avait laissé son portable dans ma cuisine, je l’ai ouvert. Je suis tombé sur un message plein de fautes d’orthographes, je l’ai copié et corrigé. Je me suis dit qu’un jour je l’enverrai à sa femme, pour qu’elle sache de quel bois est fait son fichu mari : « Je suis désolée d’avoir si peur … je travaille sur ça mais je doit l’accepter … mon passé me conditionne … cela a été si douloureux … mais ok s’est passé, je me dis … je continue à penser (je pense trop! je sais) que je ne vais pas faire du mal a personne, même si profondément en moi je sens que ce n’est pas possible … au moins de manières conscientes je ne peux pas le faire, c’est me faire du mal à moi-même … je ne vais pas jouer ce jeu … je ne vais pas tromper les gens, mais si peut être je pourrais me dire que la responsabilité n’est pas mienne. Je ne sais pas où tu es … je n’ai aucune idée, si je me fais une idée, elle bien sûr fausse … tu es avec quelqu’un, c’est comme si tu l’oublies. Arcana »
Le jour même il a passé la soirée avec nous, il était resplendissant, il dégageait une chaleur amoureuse, les femmes sentent ces choses-là.
J’avais vraiment envie de le serrer fort dans mes bras, j’ai passée la soirée à l’effleurer par petites touches. A un moment il est monté vers sa chambre et moi je descendais justement de celle de mon fils. Nous nous sommes croisés au milieu des grands escaliers blancs et là, je lui ai caressé le crâne. Il a fait une drôle de grimace comme si il comprenait mon désir mais que ce n’était pas encore le bon moment.
Pourtant, tout était là, il n’avait qu’à se coller à moi, poser sa tête sur mon cœur (vu que je me tenais trois marches au dessus de lui)… me serrer tendrement puis, sentant son désir descendre vers son bas-ventre, il aurait glissé sa main dans la cambrure de mon dos et là, les filles, j’aurai sorti le grand jeu, le geste et le soupir qui va avec : j’aurais penchée ma tête en arrière, pointé mes modestes seins vers sa bouche et fait un « mmm ».
Mon corps se serait sûrement mit à vibrer.
Et dans un élan que seul les grands hommes sont capables, d’un geste précis, il m’aurait soulevé du sol, comme une mariée que l’on emmène à son lit de noces. Nous aurions ri, nous aurions rougi. Puis doucement, tendrement, délicatement il m’aurait déposée dans son lit. J’aurai tellement aimée sentir ses mains attraper ma tête, mon cou, sentir sa puissance masculine prête à me posséder, sentir sa respiration animale jusqu’au fond de mon oreille, son corps me dominer, m’écraser, me dévoiler.
Mais rien de tout cela n’arriva, il continua son chemin, me laissant en suspension. La jeune mariée s’est tout à coup transformée en feuille morte. La feuille a continuée à descendre, tanguant de droite à gauche, comme un bateau au milieu de la tourmente, sans aucun espoir de redevenir verte et vivante.
Plus tard j’ai essayé de comprendre son fonctionnement, comme son amie, sa confidente. Je lui ai demandé comment il gérait ses relations extraconjugales ? Il a prétendu ne pas en avoir. Il a expliqué que dans son point de vue il trompait sa femme uniquement si il y avait pénétration. Telle était sa limite. Il vivait seulement de relations tantriques, d’effleurement, de bons temps plus ou moins innocents. Mais il aimait sa femme, elle était un refuge pour lui. Il aimait aussi profondément ses enfants. Il était prêt à rester avec elle et à garder la famille unie mais il fallait que sa femme soit un peu plus flexible, qu’elle trouve aussi son bonheur sans lui, qu’elle ne vienne pas avec la Jalousie, le culpabiliser d’être aimant.
Je voyais bien qu’il se mentait à lui-même mais je n’ai pas remué la merde qui émanait de ce discours. Je lui ai raconté ma dernière aventure de femme sans homme :
La veille, alors que je le croyais là, supposant garder sans le garder mon fils, j’étais partie me faire masser chez un ancien amant, masseur évidement. Après une heure allongée et triturée en tous sens, me sentant complètement relâchée et reconnaissante, cet homme, que je pensait être sensible, a mis ses mains entre mes jambes en se collant, de tout son long, sur la table de massage (on ne peut plus étroite). Mon corps, d’un coup, s’est rétracté, effrayé, glacé. J’ai vue soudain toutes ses femmes allongées, goûtant les mots de ce bel homme compatissant, goûtant ses mains habiles et tendres, ses gestes précis, parfois douloureux mais justes.
Combien d’entres elles se sont laissées faire ? Où aurait-il mis sa limite ? Dans ma bouche sans doute. Même pas, celui-là est de la pire espèce, avec des enfants illégitimes ici ou là. Ha, cet irrésistible désir de prendre son plaisir sans regarder plus loin que le bout sa bite. Mais le destin, le karma, s’épanouit toujours comme une rose sur le fumier. Peut-être qu’éviter la pénétration est une belle limite après tout, c’est comme méditer à l’entrée d’une grotte et ne jamais réveiller l’ours qui sommeille en toute femme.
Manon
A chaque fois que j’ai rencontré un homme, c’est par la danse. Les corps se parlent, s’harmonisent et se répondent toujours honnêtement. Si vous n’arrivez pas à danser avec un homme, il ne sera jamais un bon amant pour vous, jamais, croyez-moi. J’adore les hommes, leurs mains, leurs longs torses, leurs mensonges, leurs sueurs et surtout leurs corps mouvants. J’en ai un à la maison mais il n’aime pas vraiment danser. Nous sommes allé voir un thérapeute de couple et j’ai sorti le paquet : Je veux être libre, baiser avec qui il me plaît, mais je veux garder la famille. C’est honnête non ? J’aime danser une soirée entière en gardant le corps toujours tendu vers le même homme, puis voir comment son désir, au comble de l’excitation, s’exprime.
Sex Prime. Récemment, j’en ai rencontré un fameux, un que je connaissais depuis un an mais avec qui je n’avais jamais dansé, puis un jour, dans un projet commun, on s’est retrouvé en train d’inventer une chorégraphie à deux. C’est comme si mon sexe s’était mis à parler, à crier. D’ailleurs il entendit parfaitement son chant, il le fixa longuement, rapprocha plusieurs fois son nez, tendit son oreille, se mit souvent à genoux pour être au plus près de lui. Il s’est aussi glissé dans mon dos et à respirer dans mon cou, ses mains se sont à peine déposées, comme des mouches, sur ma taille fine. Là j’ai su que c’était une question de temps mais que celui-là allait m’épingler et je dois avouer que je ne me suis pas encore remise de l’aventure qui s’en suivit.
Nous nous sommes revu à un anniversaire, nous avons dansé une bonne partie de la soirée. Etait-il à ce point malin ?
Il dansait avec toutes les femmes, les grosses, les vieilles, les moches, les coincées, les extraverties et même les hommes. Son attitude était troublante et pourtant il revenait toujours vers moi, c’était mon impression, comme on revient à une source d’eau fraîche après une journée ensoleillée. Puis il y a eu des slows, à l’ancienne, comme à son époque et il choisi V. que je n’hésiterai pas à nommée la Vache. J’aime les quolibets.
Il a commencé à rire avec elle, à la prendre comme si c’était un instrument de musique qu’il jouait en virtuose. Elle a aimée cela, elle a ri. Tout le monde les regardait du coin de l’œil. Enfin moi surtout. Je n’étais pas jalouse. Si je veux la liberté je la donne aux autres aussi, c’est ce que je voulais. Mais au fond de moi j’étais éperdument jalouse, possessive. Dès le slow suivant je suis allé le sortir des bras de cette grosse vache. Pendant que nous dansions langoureusement j’ai vu la Vache qui faisait des clin d’yeux à la Joconde, en nous montrons du pouce. Solitude aussi rigolait avec elles. Tout le monde s’entendait gestuellement pour dire que quelques joies se jouaient entre nos deux corps. Puis il a joué l’adolescent qui essaie de m’embrasser, tout le monde a ri sauf moi.
Quelques semaines suivantes nous nous sommes croisés chez une amie commune. Il était joyeux, il semblait avoir perdu 20 ans, il était, de ce que je pouvais entendre de sa conversation avec son meilleur ami, célibataire.
Il m’a fait du pied discrètement. Quand j’étais sur le point de rentrer chez moi il a crié, haut et fort, au fait, Manon, peux-tu me donner ton numéro de téléphone pour … me rappelle plus mais c’était du vrai ! Les autres se sont regardées, entendues. La Joconde était là, collée à son Davinci de mec collant, il y avait aussi la Dame de cœur et surtout sa Belle-sœur, celle qui l’appelle sa trop belle sœur vue qu’elle est avec son frère, pas de sang mais de cœur.
Je suis sortie de là perplexe. Non je ne devais pas être jalouse. Non je n’avais rien entendu de sa séparation d’avec sa femme. Rien entendu d’un relation platonique tonique avec une jeune étrangère. Non cela ne me regardait pas, il était libre et moi aussi. Enfin, comment pouvait-il être vraiment libre avec encore une jeune dans la peau ?
Je ne suis pas si vieille que cela.
Nous allions bien voir.
Surtout ne pas trop y penser.
Le lendemain il m’a appelé, nous nous sommes bien entendu sans trop de mots : se voir déjà, pour parlez de se que nous savions déjà.
Sartre écrivait dans la Nausée : « ils vont couchés ensemble, chacun d’eux sait que l’autre le sait. » Tout le monde le savait, c’était comme cela. Les hommes font de belles promesses mais chaque amour fou en chasse un autre disait Breton, je crois. Qui était un vrai con, de ce que j’ai lu de sa vie mais non de ces écrits. On est tous cons, bite et bouches cousues. J’aime parler, m’exprimer, danser et surtout j’aime les hommes.
Je suis arrivé chez lui en début d’après-midi, au lieu et place de mon boulot. Je ne me sentais pas tout à fait à mon aise à cause d’une autre histoire qui m’était arrivée le matin même. Comment en parler. J’étais évidemment super excitée à l’idée de voir Don Quichotte l’après-midi, je me faisais plein de films. Tout était calculé, organisé, agencé pour que mon homme ne se doute de rien. Après la séance de thérapie il avait commencé à montrer des signes de jalousies, à lire mes messages, à pleurer, à boire, à geindre, le pire en vérité. Je ne voulais pas vivre cela, ce n’était pas la raison pour laquelle j’avais osée dévoiler mes désirs profonds. Il avait même osé découcher une nuit, me laissant seules avec nos deux marmots chéris.
Mais là, j’ai franchement été loin dans mon trip. Le matin de la fameuse rencontre avec Don Quichotte voilà ti pas que je me retrouve avec Bomec dans l’étroite salle de la photocopieuse. Il faut savoir qu’il est impossible de tenir à deux sauf si l’on ferme la porte. Il faut savoir aussi que si l’on ferme la porte cela signifie que l’on est en train de réaliser un travail important et donc, implicitement, qu’il est inutile d’essayer de faire des photocopies à ce moment. Donc, en fermant la porte derrière moi (je suis arrivé une seconde après lui), comme une voleuse, j’ai dit quelque chose. Ce que je veux dire est que mon action était signifiante, significative. Ce n’était pas réfléchi, non. Il s’est tourné vers moi, a voulu me dire qu’il avait beaucoup a photocopier, s’est arrêté au milieu de sa phrase, a descendu son regard le long de ma robe à fleurs. Je pouvais presque voir la bave couler de la bouche de ce prince Bomec. Il était tout rouge, sans doute luttant contre l’idée d’arracher cette robe et me prendre dans l’instant.
Moi j’étais déjà bien chaude, déjà pleine de l’après-midi qui allait calmer mon corps, j’étais déjà ouverte, entrouverte, je n’étais que
“oui”.
Il m’a regardé, a fait une grimace nulle, style acteur américain, il a retiré ses lunettes à la mode et il m’a dit, regardant mes pieds nus, « je suis marié ».
Je me suis donc retrouvée piégée par la situation, par mes mouvements, mon style, comme si j’étais venue, subrepticement le coincer dans cette salle pour abuser de lui. C’est en tous cas ce qu’il pensait de moi, et peut-être de toutes les femmes qui semblaient lui tourner autour. Pauvre chou. Je me trouvai coincé dans son fantasme et en même temps j’en étais la « persona principale ». Et comme il m’avait donné le plus mauvais d’un mauvais dialogue de film x, je me suis approchée de lui, j’ai pris sa cravate dans ma main, j’ai amener ma cuisse entre ses jambes pour bien être certaine que son corps était d’accord, je me suis collée doucement mais fermement, sentant son membre se durcir inexorablement.
Il jouait la peur, l’incompréhension, il jouait mais son bassin lui ne jouait pas, son bassin poussait vers l’avant son sexe tout aussi timide que lui.
Je comprenais tout, en un instant, j’allais le décomplexer d’être un Bomec avec une bite de cornichon, j’en étais capable oui. J’aime les cornichons, je les adore, je les suce ou les croques, parfois je bois tout le jus avec les petits oignons. Le cornichon est mon végétal protecteur, je le vénère, surtout quand il est sec.
J’ai mis ma main dans son slip, je lui ai glissé les mots magiques à l’oreille : « viens, ne te retiens pas ». Il a soupiré, il a lutté, il a vite retiré sa ceinture pour faire la place. Je suis descendue doucement avec ma main toujours plaquée sur son cornichon mignon, j’ai amené l’autre main pour lui saisir les bourses qui étaient comme de la pierre. Ma bouche s’est entrouverte, j’ai libérée une main, et avant de toucher le légume tant convoité, il m’a craché au visage avec une puissance supersonique. J’ai cru entendre un « pardon ». Il a saisi ma tête et l’a frottée sur les restes du génocide des futurs Bomec.
Ce n’était pas agréable. Je me suis gentiment libérée. Me suis essuyée avec un mouchoir neuf qui trainait là par hasard, un mouchoir qui me disait sans doute que tout cela était déjà écrit. Je n’ai pas pu résister et lui non plus. J’ai commencée à faire mes photocopies pendant qu’il se rhabillait hystériquement. Il a récupéré le mouchoir « preuve » et l’a mis dans sa poche. Il n’osait pas me regarder. Il a juste dit « je reviendrai finir mes photocopies vers 16h, merci de votre compréhension ». J’ai ri. J’ai répondu : « à 16h je suis chez le coiffeur mais un autre jour nous déjeunerons ensemble. Je suis Manon et vous ? »
« William, vous pouvez m’appeler Will ça fait moins poire. » J’ai encore ri, ce jeune me plaisait, il devait avoir à peine 10 ans de moins que moi. Et pourtant déjà marié, quelle drôle d’idée.
Je suis donc arrivée chez Don Quichotte légèrement troublée, j’avais l’obsession qu’une matière dégoulinante traînait encore dans mes cheveux ou sur ma robe. J’avais passée une demi heure dans les toilettes de ma boîte à vérifier chaque centimètre de ma robe, à mettre mes mains dans les cheveux mille fois, mais rien, je n’avais rien trouvée comme si cela n’avait été qu’un fantasme de plus qui n’avait existé que dans ma psyché de belle petite garce.
Don m’a ouvert, il a regardé à gauche et à droite, puis il a clamé « C’est pour visiter la maison ? » et sans attendre ma réponse il a ajouté : « entrez mademoiselle ».
Sa maison était petite mais charmante. La présence féminine se faisait bien sentir par mille et un détails. C’était une maison pleine de chaleur et de présences compatissantes. Il m’a fait visiter le jardin puis il a continué une vaisselle déjà entamée tout en parlant de notre cas. J’étais adossée sur un mur en brique juste derrière lui, à moins d’un mètre. Il a essuyé ses mains, a laissé tombé l’essuie comme font les gentes dames pour signifier aux amants qu’elles sont libres, et il a pris ma tête entre ses mains. Comme un animal il m’a léché le visage.
C’était fort, c’était troublant. Je ne pouvais rien faire, je me transformai soudain en biche prise au piège d’un tigre. Il m’a bu comme on boit une eau précieuse, goutte à goutte. Le temps s’est arrêté. Nous avons fait l’amour trois heures, sous la douche aussi. Mais il ne m’a pas pénétré et j’en étais fort aise. Je ne sais pas comment aborder le thème du préservatif sans casser l’ambiance. J’ai laissé faire, mon corps rêvait, comme une danse à l’horizontale nous avons créé ensemble ce rêve, juste lui et moi, sans témoin autre que ces murs blancs et peut-être quelques esprits suspendus dans les mondes parallèles. Je suis sortie de là comblée, troublée, aimée et soudain seule.
Tout le monde dans le métro pouvait voir ce que je venais de faire, j’étais rose comme une rose, pas besoin de petit-lait oublié dans mes cheveux pour qu’ils se fassent un film.
J’étais bien merci.
Le lendemain rebelote.
Si j’avais su que nous étions déjà à la fin de l’histoire, je l’aurai prise autrement mais c’est finalement peut-être mieux ainsi.
Il y avait une fête ce fameux lendemain, une fête où nous avons dansé ensemble, mais de manière lointaine, nous sommes restés distants. La soirée a continué, les invités sont partis et quand il ne restait presque plus personne, nous sommes vite sorti et avons longé les murs d’une sorte d’église. Il pleuvait à verse. Tout était poésie : la lumière des réverbères, la pluie torrentielle. Nous étions trempés de la tête au pied. Il m’a collé contre le mur de cette église, nous étions cachée par de hauts buissons. De toute façon, avec cette pluie et à l’heure qu’il était, seul un chien ou des esprits flottants auraient pu nous surprendre. Il s’est frotté à moi, a laissé vagabonder ses mains sur tout mon corps. Est passé plusieurs fois vers l’entrée de ma grotte. Rien ne supposait, ne supputait à un couple de faire l’amour.
Ni le temps de chien, ni la présence de ces briques peu lubriques catholiques. Nous avons longé le mur car quelqu’un m’a appelée sur le portable! C’était la Dame de cœur qui devait me ramener chez moi en voiture. Elle s’inquiétait vu le temps. Normal. On a passé le coin de l’église et là il y avait un petit abris qui donnait sur une porte arrière. L’endroit était isolé du monde. Nous avons encore passé une bonne demi-heure à nous démêler, nous frottés comme deux branches cherchant à créer le feu.
J’aimais ces caresses, ses mains chaudes baladeuses remontant le long de mes cuisses. Il aimait sentir son sexe entre mes fesses. Ses mains remontaient, s’arrêtaient à mes hanches, sur mon petit ventre plat. Il semblait goûter chaque seconde chaque centimètre carré de peau. Il ressentait les différences de douceur, ses mains soudain devenaient une empreinte perdue dans le désert de mes paysages intimes. Puis il remontait, me serrant contre lui et enfin, mon dieu, quand j’y pense encore mon corps se mouille, il m’a étranglé, presque tué. Il m’a serré vraiment fort, de tout son corps, de toute sa puissance.
J’ai senti son sexe se durcir, sa respiration s’est faite animale. Il m’a mordillé l’oreille tout en agrippant mon coup de sa main droite et mon bas ventre de la gauche. Quelle belle mort me proposait-il ? J’ai joui, ensuite, avec une agilité de marionnettistes, il m’a retournée et descendue jusqu’à son sexe bien gros et bien chaud. Je l’ai mis dans ma bouche, rien à voir avec le cornichon amer du Bomec de l’après-midi d’hier. Je connaissais déjà son machin, c’est vrai, mais j’avais soudain l’impression de redécouvrir sa belle courgette bouillante à peine sortie d’un four. Je suis rentré chez moi trempée de la tête au sexe.
Le lendemain matin j’ai regardé ma robe bleue, elle était encore humide et fumante, des taches de sperme disséminées un peu partout. Si mon Homme avait vu cela il aurait pu croire que je m’étais fait attaquer par cinq branleurs. Je me sens toute bizarre, est-ce que j’ai envie de vivre cela maintenant ? Cinq sexes autour de ma tête ! Je pense que trois suffiront, bon prions maintenant.
Liana
Je viens d’un pays lointain, je suis petite, mignonne. Mon atout principal, en plus de mon petit corps parfait, c’est l’humour. J’attire les hommes partout où je voyage, mais attention, dans mon pays on ne rigole pas avec la virginité. On arrive vierge au mariage c’est comme cela, mais cela ne nous empêche pas d’avoir des relations sexuelles, parfois même …bon je vous raconte. Je passai la nuit dans un cimetière avec Arthur, mon meilleur ami. Nous étions responsables de surveiller le décor et les accessoires d’un film international qui avait choisi notre modeste pays pour ses salaires ridicules et ses gigantesques cimetières. Cette nuit là, deux acteurs étrangers sont venus nous seconder avec quelques bières et de quoi fumer. Nous étions très heureux de partager la nuit avec eux, surtout Arthur, qui avait quelques vues sur l’acteur Français. Arthur croyait, bien naïvement que personne ne connaissait son attirance pour les hommes, même sa meilleure amie. Ce soir-là, il fût pris en flagrant délit. Mais revenons à mon histoire. Il y avait donc cet acteur Français, la quarantaine, très drôle et un autre, plus grand, la trentaine, blond avec un corps de géant. Nous étions tous logé dans une minuscule cabane, servant d’intendance lors du tournage. Il y avait aussi deux autres tentes juste à côté de la cabane. Toutes les heures nous devions faire le tour du cimetière. Le tour est un grand mot : en fait sur une des tombes un décor de maison avait été construit, avec un lit précisément de la dimension d’une pierre tombale.
Une femme, portée par le géant, devait s’y faire égorger et par un jeu de trompe l’œil elle se retrouvait couchée sur la tombe de son mari, assassiné par elle quelques années plus tôt. Le film était noir mais l’ambiance sur le tournage avait été bon enfant au point où le réalisateur en avait fait une comédie. La tombe en question se situait à trois cent mètres de la cabane. Il fallait donc y aller et revenir.
La nuit est tombée rapidement et nous avons décidé, en faisant tourner une bouteille, qui de nous serait le premier. Ce fût le géant Olé ou un nom du genre un peu nordique. Il a sauté sur ses jambes, confiant et il est parti. Nous aurions bien sûr pu aller à deux à chaque fois mais les garçons avaient décidé de m’impressionner, de s’impressionner.
Published: Oct 1, 2017
Latest Revision: Oct 1, 2017
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